Ces derniers temps, j’ai eu la sensation de rester dans ma zone de confort : cela faisait trop longtemps que je n’avais plus goûté de vins qui puissent de nouveau stimuler ma curiosité et réveiller mes sens. En résumé, l’inertie me guettait ! J’étais passé en mode ronronnage hivernal comme mon chat sur le canapé du salon. Il me fallait réagir !
Et puis ma route a croisé celle d’un caviste qui devait répondre à ma soif de nouveautés en ce début d’année ! Ce caviste se trouve à Genève, dans le quartier des Acacias, perdu entre entrepôts industriels, concessions automobiles et autres bureaux sans âmes. Au milieu de ce mélange improbable, dans un environnement un peu froid, se trouve certainement la cave avec le plus de personnalité de Genève ! L’adresse n’a pas, à proprement parler, pignon sur rue, mais les amateurs de vins authentiques s’y bousculent ! Partir à la découverte des vins vivants se mérite…
Ce caviste, qui a réussi le miracle de proposer près de 1200 références uniquement de vins vivants (de bio à nature), c’est Le passeur de vin. Je vous conseille de jeter un œil sur leur site très bien conçu présentant leur approche du vin ainsi que des informations à la portée de tous en guise d’introduction aux vins vivants. C’est l’endroit rêvé pour découvrir de belles bouteilles avec un conseil aux petits oignons, disponible et respectueux des attentes et connaissances de chacun.
Le Passeur de vin organise régulièrement des événements autour de la dégustation et des vignerons référencés à la cave. Fin février, les nouvelles cuvées 2015 étaient à l’honneur lors de l’apéro découverte.
La dégustation
On entre dans la salle de dégustation, attenante à la cave, dont la décoration conviviale se situe entre l’atelier d’artiste et le bar à vin. L’accueil est engageant, on nous remet nos verres, prêts à déguster les 10 vins proposés ce soir-là en self-service. Et autant dire qu’il fallait être souple pour faire le grand écart entre Chablis et Drôme, en passant par Beaujolais et Jura. La liste des vins est encore disponible ici.
On a commencé par des vins tout en dentelle d’un domaine que je ne connaissais encore que très peu, et dont j’ai découvert deux vins incroyables ce soir-là : le Domaine De Moor. Gros coup de cœur pour ces blancs du Chablis. L’Aligoté est un vin délicat avec un joli équilibre qui procure un plaisir immédiat, et avec une belle maturité qui le rend très digeste. Son grand frère, le Chablis Humeur du temps m’a réconcilié avec les vins de Chablis que j’ai tant aimé puis dont j’avais fini par me détourner car la chimie y régnait trop souvent en maître. Dans Humeur du temps, pas de chimie évidemment, et on y retrouve une belle tension et une telle pureté qui suspend le temps. Ce vin imprègne tous vos sens. Il se goûte déjà bien mais se révélera aussi dans les années à venir à qui sait attendre.
Puis nous sommes passés par le Jura et les vins de France de Jean-François et Anne Ganevat – des vins toujours originaux et gourmands. « L’Ailleurs », un blanc d’assemblage de Pinot Auxerrois, Savagnin et Enfariné, est un vin tout en relief avec une complexité bien maîtrisée qui s’apprécie dès aujourd’hui. « Poulprix », en rouge, est quant à lui encore sur la réserve et demandera un peu de patience (allez, juste un an ou deux !) pour apprécier son assemblage inattendu de Mondeuse, Syrah et Trousseau. Il est issu de macération carbonique et, comme de coutume chez les Ganevat : pas d’ajout de SO2, non collé, non filtré mais avec des levures indigènes et une petite année d’élevage.
Cette gamme de vins de négoce proposée par les Ganevat permet d’entrer dès aujourd’hui dans le domaine des vins naturels par la porte de l’originalité et du plaisir immédiat. Ces vins aux prix tout doux sont une belle introduction à leurs grands-frères vinifiés par Jean-François, toujours plus difficile à trouver et bien plus onéreux !
Enfin les Morgons « Corcelette » et « Côtes de Py » d’Agnès et Jean Foillard restent des vins d’une buvabilité jouissive et ce, dès aujourd’hui ! Attention aux excès ! Du beau travail, tout en finesse avec des raisins bien mûrs. Un vin très digeste qui correspond exactement à mes envies du moment, avec ses réminiscences de Pinot qui ne feront que s’affirmer avec le temps. Que du bonheur !
Les autres vins proposés ce soir-là sur le Rhône chez Dard et Ribo pour le Rhône septentrional et chez Michèle Aubery Laurent (Domaine de Gramenon) pour la partie méridionale étaient encore très exubérants et un peu trop sauvages et liquoreux à mon goût, malgré le carafage, et mériteront quelques années en cave avant d’être pleinement appréciés.
Petite info de dernière minute !
Aujourd’hui, Le passeur de vin organise sa journée dégustation du printemps – petite mise en bouche ici. Une belle occasion de rencontrer de chouettes vignerons en dehors des habituels salons dans une ambiance que j’imagine festive et décontractée. Je ne saurais que trop vous conseiller d’y faire un petit détour si vous êtes dans le quartier ! En tout cas, je ne manquerai pas d’en parler dans un prochain billet. Le ronronnage, c’est fini, et il est grand temps de retourner sur la route, à la découverte des vins vivants !
Le Passeur de Vin
Genève Acacias
25 Eugène-Marziano
1227 Acacias
Tél.: +41 (0)22 994 20 20