Cépages suisses, histoires et origines
Éditions Favre

 

 Pour mieux cerner l’identité des cépages suisses

José Vouillamoz, éminent spécialiste de la vigne et de son ADN, a publié une somme de livres érudits sur les vignobles mondiaux tels que Wine Grapes ou Origines des cépages valaisans et valdotains. Il poursuit aujourd’hui ce travail de chercheur passionné en publiant Cépages suisses, histoires et origines, un livre qui célèbre la diversité du paysage viticole suisse : plus de 250 cépages y seraient cultivés. Mais au-delà de cette variété, qu’en est-il de la qualité et du respect de l’identité des terroirs et de chacun de ces cépages ? Cette question traverse en filigrane ce livre riche de détails techniques et historiques.

Histoires multiples

Après avoir établi quelques principes de recherches puis expliqué brièvement la naissance, la culture et l’identification d’un cépage, l’auteur part en quête d’indices sur les histoires variées, riches et parfois inattendues de chaque cépage. Ainsi, on découvre les liens de parenté entre Cornalin et Humagne rouge, ce dernier n’ayant quant à lui aucune histoire commune avec l’Humagne (qui sera appelé Humagne blanc au début du 20e siècle en opposition à l’Humagne rouge). Ce même Humagne blanc aurait cependant des liens plus étroits avec des cépages provençaux voire pyrénéens, établis par des chercheurs français !

Le contexte historico-social permet de mieux comprendre l’omniprésence ou la rareté de certains cépages comme la Bondola, progressivement supplantée par le Merlot dans le Tessin dès le début du 20e siècle.

La génétique, révélatrice des secrets de la vigne

L’expérience de José Vuillamoz lui permet de définir précisément les profils ADN de chaque cépage, d’établir une généalogie précise et de pouvoir ainsi contester parfois certaines légendes. Par exemple, l’Amigne et l’Arvine seraient bien indigènes du Valais et non importées par les Romains comme souvent énoncé.

Chaque cépage dispose ainsi de sa fiche génétique complétée par des données organoleptiques et une liste des domaines proposant la meilleure expression de chaque cépage. L’auteur distingue trois catégories :  les cépages patrimoniaux, les croisements et les hybrides, chaque catégorie étant clairement expliquée. Ces trois catégories font partie des 32% de cépages indigènes alors que plus de 60% des cépages cultivés en Suisse sont encore allogènes.

Ce patrimoine génétique, au carrefour de l’Europe, ponctué d’histoires à la fois familières et exotiques rend le livre indispensable tant pour l’amateur éclairé que pour le professionnel qui s’y plongera avec délectation entre deux tailles de saison.

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José Vouillamoz – Cépages suisses, Histoires et origines. Éditions Favre, 2017. 22 euros.