Le Vin nu. Laissons faire aux raisins ce qui leur vient naturellement.
Jean-Paul Rocher éditeur, 2011
On retrouve chez Alice Feiring le même désir d’être au plus près de la vérité du vin comme chez Kermit Lynch 20 ans auparavant. Elle donne de sa personne, à cheval entre les Etats-Unis et la France, ne comptant plus les allers-retours transatlantiques. Elle s’embarque dans d’insolites aventures au gré des rencontres (Jacques Néauport, Pierre Overnoy, Marcel Lapierre, Andrea Calek et bien d’autres) sans toujours savoir où cela la mènera mais toujours convaincue d’être en route pour de belles découvertes, son engouement n’a d’égal que sa curiosité insatiable.
Comme dans « Mes aventures sur les routes du vin », on y découvre des viticulteurs qui défendent d’autres visions possibles de la viticulture, engagés sur des voies où l’observation, la réflexion mais aussi une certaine forme de spiritualité ouvrent le champs des possibles en toute humilité et dans un profond respect du vivant.
J’ai été moins séduit par l’histoire qui sert initialement de trame à ce livre : dans le vignoble étasunien, au moment des vendages, Alice Feiring négocie l’achat de raisins afin d’expérimenter les principes de vinification qui lui tiennent à cœur. Elle fera vite face aux limites de l’exercice qui s’avère assez peu concluant. La faute à vouloir absolument appliquer un contrôle sur chaque étape de sa vinification, malgré les recommandations successives des vignerons qui l’accompagnent – ce qu’elle finira par reconnaître elle-même. Cette histoire traverse le livre en filigrane mais se termine en queue de poisson en y apportant finalement assez peu de chose.
Pour finir sur une note pratique, je conseille aux anglophones de lire ce livre dans sa version originale car la traduction est parfois laborieuse et le livre est ponctué de coquilles qui rendent la lecture moins fluide. Ce qui est frustrant de la part d’un éditeur qui a toujours soutenu une littérature alternative du vin et dont je parlerai d’autres livres prochainement.