Les Caves Ouvertes, qui ont lieu dans différents cantons suisses, sont l’occasion pour de nombreux domaines viticoles d’ouvrir leurs portes le temps d’une journée et ainsi de faire connaître leur production au grand public.

Les domaines proposent des dégustations, repas à la ferme et autres animations tels que concerts, visites, etc. Cet événement viticole se déroule au printemps dans une ambiance familiale et conviviale, et parfois franchement festive !

Domaine des Balisiers, caveau de dégustations, mai 2016

Le principe

Vous achetez votre verre 10 CHF dans un des domaines participants, et hop, sur présentation de ce verre, vous avez accès à l’ensemble des caves qui ouvrent leurs portes pour cette journée exclusive.

Il faut savoir que le reste de l’année, déguster des vins au domaine reste souvent payant dans de nombreuses propriétés en Suisse et c’est donc un facteur à prendre en compte pour comprendre le succès de ces Caves Ouvertes.

Des navettes entre les différents lieux et depuis la ville sont mises en place spécialement ce jour-là pour alléger le trafic qui peut vite devenir dense dans les petits villages et… pour éviter l’alcool au volant. Autant dire qu’une une horde de citadins en profite pour venir se mettre sur le toit à moindre frais ! Mais vous croiserez également des amateurs qui, déambulant le verre à la main, profitent de cette occasion pour passer d’une ferme à l’autre, dans un même village, découvrir différentes productions et repartir avec quelques cartons !

Je conseillerais à celles et ceux qui souhaitent faire les Caves Ouvertes pour la première fois d’éviter les domaines à portée du réseau des transports urbains (Satigny et Dardigny en particulier) et d’explorer les plus petits villages adjacents tels que Soral, Lully ou encore Peney que nous avons visité cette année.

Edition 2016 : le Domaine des Balisiers

En 2016, nous avons fait une halte au Domaine des Balisiers où nous avons découvert de très jolis vins.

Le Domaine des Balisiers a été créé il y a plus de 30 ans. Il se situe sur la commune de Peney à l’ouest de Genève. Dès le début, le parti-pris a été d’avoir une approche et des pratiques cohérentes, respectueuses de l’environnement avec des rendements limités et une culture sans intrant. C’est à ce jour un des plus anciens domaines en viticulture biologique (1983) en Suisse et qui propose aujourd’hui encore des millésimes anciens déjà certifiés par BioSuisse et qui tiennent encore très bien la route – oui, les vins suisses et bios vieillissent bien !

Le domaine totalise une trentaine d’hectares, ce qui en fait un domaine significatif sur le canton. Le passage à la biodynamie s’y est imposé il y a déjà quelques années et nécessite un travail conséquent sur une telle surface pour la petite équipe en place.

Le jour de la dégustation, nous avons goûté 4 blancs et 5 rouges dont une dégustation verticale assez mémorable bien qu’inattendue – c’est aussi ça qui fait le charme des Caves Ouvertes !

Nous avons été conquis par l’ensemble des vins dégustés ce jour car ils ont comme point commun de s’exprimer pleinement dans leur registre. Les vins des Balisiers sont riches d’arômes délicats et multiples avec de belles longueurs en bouche avec un réel potentiel de garde pour nombre d’entre eux. Les élevages sont d’au minimum 12 mois et parfois jusqu’à 2 ou 3 ans.

En blanc, je recommanderais plus particulièrement le riesling X sylvaner qui est un vin très fruité, frais et même muscaté même si assez court en bouche. Originaire de Suisse, le riesling X sylvaner n’est pas d’un croisement entre riesling et sylvaner mais riesling et madeleine royale, d’où ces parfums sucrés qui donnent un vin peu acide. Son autre nom, müller-thurgau, provient de son découvreur, le Dr. Hermann Müller, en 1882. Les vins qui en sont issus sont des vins de soif à boire frais et dans leur jeunesse.

Les chardonnay, pinot gris et sauvignon blanc du domaine sont également de belles réussites avec une préférence pour le sauvignon blanc. Frais, élégant avec des notes exotiques à la fois au nez (mangue) et en bouche (lime et aussi pamplemousse). Un vrai bonheur qui fait voyager loin des contrées helvétiques et qui nous rapproche de la plante à l’origine du nom du domaine, le balisier. On associera volontiers ce sauvignon blanc avec un tartare de truite fumée à l’avocat et aux agrumes.

Concernant les vins rouges, hormis quelques réserves émises sur La Dame Noire et son élevage en barrique, nous avons été conquis et tout particulièrement ravis d’avoir pu faire une verticale de Comte de Peney sur 4 millésimes : 1998, 2000, 2004 et 2010.

2000 (café) et 2004 (cacao) sont mes préférés avec un bel équilibre autant au nez qu’en bouche. Et quelle finale ! Une persistance aromatique qui finie de me convaincre sur le potentiel de tels vins.

Tout le travail réalisé en amont depuis de nombreuses années pour acclimater les cépages bordelais porte ici ses fruits. On retrouve le nez sur des notes de cuir, la robe tuilée et la bouche sur des arômes de sous-bois, de fruits rouges bien mûrs qui, au final, donnent des vins racés.

Les réminiscences du bordelais y sont vraiment confondantes. Il y a aussi un peu d’Espagne dans tout ça, mais nous sommes à Genève… ça me laisse songeur.

Les prochaines Caves Ouvertes se tiendront le samedi 20 mai 2017 – une belle occasion de découvrir les nombreux domaines genevois en toute décontraction !